C'est l'histoire -
presque banale en cette époque du «revival»-du gars qui dit qu'il arrête, au
terme d'une tournée d'adieux de tous les diables, pour finalement, d'un coup de
baguette magique, revenir au bout de deux ans... Seulement, Chris Rea n'est pas
quelqu'un de commun. Et surtout pas manipulateur. Lui l'a crié sur tous les
toits que si un retour en piste était envisageable, ça serait avec un autre
collectif, et d'une toute autre manière. Une exception pour des projets
eux-mêmes d'exception.
C'est que, depuis son cancer, à deux doigts de
l'envoyer manger les pissenlits par la racine, le musicien, sorte d'Eric Clapton
effacé, veut aujourd'hui en profiter un maximum. Comme si on lui avait offert
une seconde chance, le voilà en permanence sur le retour, tel un phénix, avec
l'âme d'un gamin qui a fait depuis longtemps de la scène son terrain de jeu
préféré. Et comme pour mieux symboliser cette mutation, Chris Rea est revenu à
sa passion de toujours, fidèle serviteur de la cause
«blues».
Instrumental,
blues, gospel et
jazz...
Cette renaissance précipitée, qui le conduit cette année à
reprendre le chemin de la tournée à travers le monde, celle-là même qui l'a usé
à petit feu, il le doit à la rencontre inopportune avec le bassiste de renommée
internationale Colin Hodgkinson et le pianiste gospel Neil Drinkwater. Ensemble,
c'est sous le nom des Fabulous Hofner Bluenotes qu'ils font parler les
instruments, dans un hommage «vibrant» à la mythique guitare des sixties. Et le
mot d'ordre est clair : le plaisir avant tout... «Là, pas question d'être
ennuyé par des problèmes de production. On s'amuse tout en reprenant, dans des
versions remodelées, certaines anciennes chansons. Ce n'est vraiment que du
bonheur!», explique Chris Rea.
Son retour à Luxembourg, depuis son
dernier passage en 2006, revêt donc une couleur et une atmosphère musicale bien
particulières, celle des années 60, qui ont vu l'émergence de Ry Cooder, sa
véritable inspiration, son exemple, celui qui l'a amené à faire du «slide» sa
marque de fabrique. Et c'est dans ce sens que l'homme va triturer ses anciens
tubes, de Josephine à The road to hell en passant par On the
beach, pour des sonorités aux consonances gospel-blues, mais sans pour
autant perdre ce style identifiable qui le caractérise tant, fluide et
mélodieux, entre Bob Dylan, Mark Knopfler et J. J. Cale, sur lesquels il calque
sa griffe en toute humilité.
Pour ce nouveau show, c'est même à une ballade
en musique à travers l'histoire que l'artiste propose, avec, en guise de mise en
bouche, The Delmonts version instrumentale, suivi par lui et ses deux acolytes.
«Le spectacle raconte comment les musiciens de l'époque ont d'abord débuté
avec les instrumentaux pour ensuite évoluer vers le blues et les tendances plus
jazzy. On passera des Delmonts aux Bluenotes, pour aboutir à Chris Rea. Un joli
voyage...»
Nouvelles aspirations, nouveau projet, nouveau groupe… bref,
voilà un Chris Rea revenant sur ses pas tout en entrain et joie de vivre, avec
sous le bras, The Return of the Fabulous Hofner Bluenotes , un tout
nouvel album comprenant pas moins de vingt compositions originales. Passionné,
certes, mais il faut quand même bien vivre...
À la Rockhal -
Esch-sur-Alzette.
Le 31 janvier à 20 h 30.
(source: le quotidien 29 janvier 2008)